Chercheurs et ingénieurs fonctionnaires sont-ils en voie de disparition ?
Les nanotechnologies et leur impact sur la santé, les voitures électriques et les agro-carburants de deuxième génération, la pollution par les pesticides et la maîtrise de l’irrigation pour l’agriculture, sont autant de sujets d’actualité qui préoccupent aussi bien les citoyens que les élus. Tous les principaux partis démocratiques sont favorables à une évolution des comportements d’une part et au développement de nouvelles technologies d’autre part pour faire émerger une croissance verte. La recherche, l’innovation et l’ingénierie publiques sont des composantes essentielles pour réorienter le tissu industriel. Pourtant le gouvernement est très loin de soutenir la recherche et l’ingénierie publiques. Au contraire la réduction des effectifs de la fonction publique tend à restreindre le nombre de chercheurs, d’ingénieurs, de techniciens et d’ouvriers spécialisés dans les laboratoires et les centres d’études. Chercheurs et ingénieurs fonctionnaires sont-ils par conséquent en voie de disparition ?
La volonté du gouvernement d’investir dans la recherche et les nouvelles technologies est en contradiction avec le démantèlement du CNRS et des centres d’études techniques de l’Etat. Aujourd’hui, un jeune docteur doit souvent, après huit années d’études ou plus, cumuler des post-docs d’un à deux ans dans les universités françaises et des emplois à statuts précaires. Les contrats des jeunes chercheurs doivent-ils être à durée déterminée ? En Allemagne, il n’est pas rare de voir des chercheurs avec des contrats précaires jusqu’à l’âge de 40 ans avant d’obtenir un statut plus stable. En conséquence, les chercheurs allemands partent souvent travailler à l’étranger. Peut-on se passer d’un effort de recherche public pour développer et accompagner la mise en place de nouvelles technologies ? Les entreprises participent certes à l’effort de recherche en développant des véhicules électriques, des panneaux photovoltaïques et des matériaux innovants pour l’isolation des bâtiments. Cependant les entreprises n’ont pas toujours les moyens pour approfondir certains sujets et pour porter leurs efforts de recherche à un niveau plus fondamental.
Jérome MEYER Secrétaire de la section de l'Ecole normale supérieure à PARIS du Parti socilialiste