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Section Daniel MAYER Canton de Mundolsheim
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13 octobre 2014 1 13 /10 /octobre /2014 16:43

 

 

 

 

 

             (?)

 

 

Le 2 juin 2014 alors que François Hollande proposait un redécoupage passant de 22 à 14 régions il n'était guère de titres dans la presse de province qui ne fassent pas état de scepticisme, d'inquiétude ou même d'ironie : 

« P'têt ben qu'oui » pour Le Havre Presse,  « Personne n'en veut » de l'Echo de la Haute Vienne, « Qu'est-ce qui change » pour le Dauphiné, ou encore « La betterave et le champagne » dans Le Courrier picard.

  Fallait-il s'en étonner ? 

 

Oui, si on se réfère au sondage du 10 juin 2014 de l'institut CSA pour l'Assemblée des départements de France où les deux tiers des Français (66 %) jugent nécessaire une refonte de la carte administrative et une nouvelle répartition des compétences.

  Non, dès lors que seuls 37 % des sondés adhèrent à une réduction du nombre de conseils régionaux, et qu'ils sont seulement 19% à juger prioritaire la suppression de l'échelon départemental.

  Autant dire que réformer dans ces conditions revient à utiliser le plumeau plus que le scalpel, à peser les mots autant que les solutions pour arriver à faire maigrir le mille-feuilles institutionnel  sans en supprimer une couche et sans heurter les contradictions qui agitent la société française.

Il est vrai également que, tant pour le citoyen lambda que pour le personnel politique, le trop plein d'informations tout comme l'immédiateté de leurs diffusions  tendent à restreindre le champs de vision en interdisant d'autant la distance nécessaire à appréhender le problème de fond de la réforme territoriale qui dans notre pays est consubstantielle à une certaine notion de l'état.

 Ajouté à cela un fait régionaliste encore largement occulté par la permanence du jacobinisme républicain donnant à croire comme une réalité non négociable une France une et indivisible. 

 

 D'où la nécessité de pouvoir, (d'avoir à) poser certains préalables, certaines questions : 

 

  • Comment dans ces débats qui traversent toutes les couches de la société, essayer de faire œuvre utile sans pour autant verser dans des polémiques vides de sens ?

  • Quelles sont les lignes de force dont il s'agit de faire apparaître le sens ?

  • Qu'a-t-on à apprendre des empoignades politiciennes et des querelles de clocher ?

  • Y-a-t-il moyen à transiger sur des objectifs qui gardent l'essentiel du souhaitable dans une Europe des régions telle qu'elle se dessine sous  nos yeux ?

  • Une réforme de telle importance relève-t-elle de la démoratie réprésentative ou du référendum ?

 

Autant de questions qui font autant de réponses, lesquelles demandent de laisser du temps au temps, soit sans doute plus que l'intervalle qui nous sépare de l'automne 2015, époque à laquelle devraient se dérouler les premières élections dans les futures grandes régions.

 

 « En France, la région semble ainsi un terme incertain et polysémique reflétant l’association d’une Nation précocement unifiée et une mosaïque culturelle, économique, démographique ».

  (Philippe Piercy – La France. Le fait régional Hachette 1997)

 

  Devant tant d'incertitudes comment ne pas s'étonner des redécoupages proposés par les uns et les autres, qui ne se rejoignent sur rien, et encore moins sur leurs présupposés de départ, là où certains affirment que la région est le résultat d’une opération de découpage intellectuel ou politique alors que d’autres  estiment quelle procède de réalités discernables.

   Cette dualité d'approche ne date pas d'hier et elle ne recoupe pas  nécessairement le seul monde politique si on se réfère à tous ceux qui en cent cinquante années d'histoire se sont appliqués à produire des dizaines et des dizaines de projets de redécoupages, avec, à côté des tenants d'une idéologie libérale (Tocqueville), monarchiste  (Maurras) légitimiste (Hervé-Bazin), républicaine (A. Briand) socialiste (P. Mendes France, M. Rocard), des militants régionalistes, des essayiste, des savants ( P Vidal de la Blache, F. Le Play), et bien sûr des administrateurs (M. Debré).

De la même façon que le redécoupage des régions n'est pas l'apanage du monde politique, sa pratique n’a pas été une activité continue dans le temps. Ainsi le pic des années 1890-1910, celui des années de la collaboration (1940-1944), celui de l'immédiat de l'après 2ème guerre mondiale, et plus près de nous cet autre pic des années soixante lorsqu'il s'agissait de dessiner les territoires  des circonscriptions de programmes d'action régionale votées le 28 novembre 1956.  

Un ensemble de constats, qui aujourd'hui plus qu'hier, devraient nous incliner à plus de prudence et plus d'ouverture dans la mesure où la corrélation entre les temps de doutes et les considérations sur la réorganisation des régions n'a jamais été jusqu'à ce jour le couple moteur d'une action aboutie !

 

Y-a-t-il un avenir pour une réforme qui fasse consensus ?  

                     

Le titre peut paraître provocateur si on veut bien se rappeler que découper et redécouper les régions est un sport national qui ne date pas d'hier. Près de deux siècles de permanence d'une démarche appelant à des entités plus vastes que les départements pour  mieux  répondre aux enjeux, voilà qui a de quoi laisser songeur.

  Depuis les travaux de Pierre Foncin en 1891 (carte 1) privilégiant un possible regroupement des départements sur des critères géographiques, jusqu'à cette loi votée le 23 juillet 2014 par l'Assemblée nationale (carte 5),  en passant par la carte de 1919 des régions économiques d'Etienne Clémentel (carte 2), celle des Igamies de 1948 (carte 3) ou celle encore des Circonscriptions d'action régionale  en 1960 (carte 4), on s'aperçoit que les logiques qui y ont présidé ont embrassé des considérations aussi diverses que les facteurs géographiques, la primauté économique, et plus près de nous l'aménagement territorial comme contrepoids à la prééminence de Paris et sa région.

 

  

                                             Carte Poncin                                               Carte Clementel                                                 Carte Igamies

 

 

                                                                         Carte actuelle des 22 régions                         Carte votée le 23 juillet 2014

 

En 2008 la Commission pour la libération de la croissance française dirigée par Jacques Attali préconisait la réduction du nombre de communes et la suppression des départements. Un an plus tard le Comité pour la réforme des collectivités locales, avec à sa tête l’ancien premier ministre Edouard Balladur, proposait de ramener le nombre de régions françaises de 22 à 15 avec une redéfinition de leurs compétences.

Autant dire que ce qui se joue présentement n'est guère éloigné des préoccupations initiées sous le gouvernement Fillon, si ce n'est pour certains acteurs la tentation immanente de s'adonner à ce jeu détestable d'avoir à soutenir dans l'opposition l'inverse de ce qu'ils pronent en exerçant le pouvoir. Un jeu dont on peut se demander si il n'est pas parfois (souvent ?) le cache misère d'un vide conceptuel sidéral !

A prendre l'histoire comme témoin et les ratés du passé comme garde fou aux exubérences en tous genres, Il serait souhaitable pour ne pas dire impératif,  que dans  les travées de l'Assemblée nationale et du Sénat et par extension dans toutes les allées du pouvoir, on puisse s'imprégner des expériences du passé et de la nécessité absolue d'avoir à répondre positivement  à un monde en évolution accéléré où l'immobilisme est synonyme de disparition.                                                                                     

 Un pays comme la France ne pourra pas faire l'économie de la réforme de ses institutions, pas plus qu'il ne pourra continuer à légiférer au nom de contingences électorales qui sont autant de prétextes à ne rien faire.

 

Francis Alexis HAMMER

 
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