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Section Daniel MAYER Canton de Mundolsheim
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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 08:47

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Où l’on apprend que les exportations allemandes en zone euro sont en berne, frôlant cette année celles de 2002. Cette baisse, autour de 5%, sera sans doute de plus de 7% à la fin 2012. Jusqu’ici, tout va bien, quoi que le sud européen semble bouder les produits allemands d’autant plus qu’une campagne discrète mais efficace appelle à leur boycott. Faute de pouvoir jouer sur la monnaie, les grands argentiers misent sur la baisse spectaculaire du prix du travail en Espagne, au Portugal et surtout en Grèce, c’est-à-dire les pays qui avaient déjà les salaires les plus bas de la « vieille Europe ». Et cela ne s’arrêtera pas. Les prévisions du FMI s’accordent à une reprise en Grèce, où les ouvriers et autres salariés sont désormais corvéables à merci. Que disent les ouvriers allemands, qui verront dans les cinq ans qui viennent une délocalisation massive de leurs entreprises vers cet eldorado du sud pour leurs hommes d’affaires ? Ils vont manifester à perdre haleine puis, pour garder leur boulot, ils vont accepter des coupes drastiques à leurs salaires, déjà faméliques. Ensuite, on prendra l’exemple allemand pour imposer les mêmes coupes en France, au nom de la compétitivité, de l’harmonisation et de la lutte contre les délocalisations. 


Tandis que les regards se portent sur une campagne présidentielle et les mensonges effrontés du discours sur le travail, les grandes manœuvres pour limiter à des miettes sa rémunération ont commencé au sein de l’espace Schengen. Tandis que l’on continue à parler de bonus et de stock options, voir de bulles spéculatives spécifiques en se demandant quand vont-elles éclater, on passe sous silence le fait que l’ensemble de l’humanité est débitrice, via l’emprunt, de plus de 90% de la masse salariale mondiale. Celle-ci, est dix fois plus importante que le produit mondial brut (PMB), détenu à 80% par moins de 800 entreprises, leurs filiales et leurs intérêts croisés. En d’autres termes, le discours sur la productivité, le coût du travail ou le chômage et les réponses spécifiques et nationales proposées ne sont plus que des problèmes marginaux, des gadgets électoraux, des manœuvres éhontées qui cachent cette réalité et utilisent la « crise » pour uniformiser (du moins en Europe) les salaires par le (très) bas. En effet, la volonté forcenée d’extirper la monnaie de la loi d’or du capitalisme, celle de l’offre et de la demande aboutit à une accumulation de celle ci, à une bulle incluant toutes les autres avec les quelles on « joue » pour imposer une pensée politique précise : payer moins le travail, démanteler l’ensemble des services publics qui « coutent de l’argent » tandis que ce dernier, du fait même son accumulation et de son abondance devrait être bon marché. Entre temps les pays continuent à pratiquer des politiques de « rigueur anti-inflationniste » tandis que la seule chose qui l’empêche c’est justement que l’argent reste hyper concentré, en situation oligopolistique. C’est le système qui prévaut dans la politique du diamant, chère à De Beers : tandis que la somme les diamants existant est plusieurs centaines de fois plus importante que la demande, on continue, en les concentrant, à les transformer en denrée rarissime. 


La concentration oligopolistique de l’argent comporte plusieurs effets : il est surestimé par rapport à des denrées vraiment rares ou en voie de raréfaction (matières premières, hydrocarbures, etc.) perpétuant la dépendance des pays qui les produisent et leur tutelle politique. Toute activité économique reste moins rentable que la dette elle même. Celle-ci impose et façonne les politiques publiques, permet d’occulter toute critique politique sur les sujets stratégiques pour l’œcoumène (démocratie, environnement, Etat de Droit, libre circulation des biens et surtout des personnes, différents frontaliers, revendications de souveraineté, etc. Elle renforce les espaces de non droit (ou de droit spécifique) censés permettre sa circulation hors contrôles. Elle permet un discours politique de crise qui permet d’imposer au choix et là où il semble nécessaire des politiques d’urgence, aujourd’hui synonymes de recul humain, politique et de citoyenneté, acquis dans la douleur, depuis deux siècles. De la sorte elle installe l’arbitraire au niveau mondial en choisissant où et quand elle veut frapper. Refuser aujourd’hui la dette consisterait à récuser les plus values faites sur la notion fausse de l’argent rare, c’est-à-dire à exiger que ce dernier accepte de s’intégrer dans le jeu de l’offre et de la demande. Sinon, cette inflation bien cachée frappera toujours plus haut, écrasant Etats et Etat de Droit là où ils subsistent encore.


Michel Koutouzis sur Agoravox

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