Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, la gauche a une chance de remporter la majorité au Sénat à l'occasion des élections sénatoriales du 25 septembre, huit mois avant le scrutin présidentiel de 2012.
Pour les socialistes, une victoire au Sénat, huit mois avant la présidentielle, aurait un impact psychologique très important. Elle compliquerait par ailleurs les choses pour le gouvernement, pour faire passer les derniers textes de la fin du quinquennat, puisqu'il ne bénéficierait plus de la majorité dans les deux chambres.
"La possibilité de faire basculer le Sénat à gauche est bien réelle", a déclaré le secrétaire national du PS aux élections, Christophe Borgel, alors que pour le président de la Haute Assemblée, Gérard Larcher (UMP), sa majorité conservera sept à douze sièges d'avance, voire "peut-être plus".
23 sièges à emporter
"C'est une bataille qui sera serrée", a poursuivi M. Borgel, qui s'est déclaré "un peu étonné" des chiffres avancés par M. Larcher. Le président du Sénat avait dit que "pour l'emporter, il (fallait) que la gauche fasse basculer 32 sièges".
Pour M. Borgel, il suffira seulement d'un gain de 22 à 23 sièges à la gauche pour ravir à la droite le Sénat et sa présidence. Un objectif qu'il juge parfaitement atteignable dans la mesure où, lors des dernières élections sénatoriales en 2008, la gauche avait gagné 23 sièges, alors qu'un tiers des sièges était renouvelé. "Cette année, la moitié des sièges sont renouvelés et l'objectif d'un gain identique est réaliste".
Actuellement, sur un effectif de 343 sénateurs, la gauche détient 153 sièges : 116 sénateurs sont inscrits au groupe PS et Verts et 24 au groupe Communistes, républicains et citoyens. Elle peut aussi compter sur 13 des 17 membres du groupe Rassemblement démocratique et social européen (RDSE). 29 sénateurs font partie du groupe Union centriste, qui rassemble le MoDem, le Nouveau centre, l'Alliance centriste. 149 sont inscrits comme UMP, 7 sont non inscrits, et un siège est vacant.
71.890 grands électeurs
Quelque 71.890 grands électeurs désigneront le 25 septembre 170 sénateurs et porteront à cette occasion leur nombre de 343 à 348, pour tenir compte des évolutions démographiques.
Les grands électeurs sont constitués des conseillers généraux, des conseillers régionaux, des députés, et des délégués des conseils municipaux qui constituent à eux seuls 95% du collège électoral. Le Sénat est désormais renouvelable par moitié tous les trois ans.
Dans les départements élisant trois sénateurs ou moins, l'élection a lieu au scrutin majoritaire à deux tours.
Dans ceux élisant plus de trois sénateurs, l'élection a lieu à la proportionnelle à la plus forte moyenne. Trois ministres sont candidats, les UMP Chantal Jouanno (Sports) à Paris et Gérard Longuet (Défense) dans la Meuse, et le Nouveau Centre Maurice Leroy (Ville) en Loir-et-Cher.
170 sièges à renouveler
Les sénateurs qui seront désignés représenteront les départements dont l'ordre numérologique va de l'Indre-et-Loire aux Pyrénées-Orientales, les départements de l'Ile-de-France, la Guadeloupe, la Martinique, la Réunion, la Nouvelle-Calédonie, Mayotte, Saint-Pierre-et-Miquelon et les Français de l'étranger (six sénateurs).
Les sénateurs représentant les Français établis hors de France sont élus par les membres de l'Assemblée des Français de l'étranger (AFE).
Voici la liste des 44 départements et des collectivités concernés par les élections sénatoriales du 25 septembre, avec entre parenthèses le nombre de sièges, 170 en tout, à pourvoir:
L'ensemble des départements compris entre l'Indre-et-Loire et les Pyrénées-Orientales :
Indre-et-Loire (3), Isère (5), Jura (2), Landes (2), Loir-et-Cher (2), Loire (4), Haute-Loire (2), Loire-Atlantique (5), Loiret (3), Lot (2), Lot-et-Garonne (2), Lozère (1), Maine-et-Loire (4), Manche (3), Marne (3), Haute-Marne (2), Mayenne (2), Meurthe-et-Moselle (4), Meuse (2), Morbihan (3), Moselle (5), Nièvre (2), Nord (11), Oise (4), Orne (2), Pas-de-Calais (7), Puy-de-Dôme (3), Pyrénées-Atlantiques (3), Hautes-Pyrénées (2), Pyrénées-Orientales (2).
Les 8 départements de l'Ile-de-France :
Paris (12), Essonne (5), Hauts-de-Seine (7), Seine-Saint-Denis (6), Val-de-Marne (6), Val-d'Oise (5), Seine-et-Marne (6), Yvelines (6)
En outremer :
Guadeloupe (3), Martinique (2), La Réunion (4), Nouvelle-Calédonie (2), Mayotte (2), Saint-Pierre-et-Miquelon (1).
A cela s'ajoutent 6 des 12 sénateurs représentant les Français établis hors de France.
A noter que 5 départements et collectivités éliront un sénateur de plus : Isère, Maine-et-Loire, Oise, Réunion, Nouvelle-Calédonie.
Sur Le courrier des maires .fr