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Section Daniel MAYER Canton de Mundolsheim
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20 mai 2009 3 20 /05 /mai /2009 11:40


Commandé par Nicolas SARKOZY au lendemain du sommet social de février dernier, ce rapport qui affirme que " nous devons être capables de refonder notre modèle économique et social sur une éthique, celle du travail et d'un partage du produit des richesses plus justes et efficaces" amène à poser plus de questions qu'il n'offre de solutions.

Passons sur l'éthique ce dont le rapport ne dit mot, et allons vers ce qui semble se rapporter à l'effervescence du moment, celle de l'épineuse question du partage entre salaires et profits, qui aux dires de ce rapport est resté stable depuis les années quatre vingt.

On pourrait certes en rester là et conclure sur ce seul énoncé, qui dans sa substance fait le lit de la droite et de la politique des bas salaires.
Or il se trouve qu'en remontant quelques années supplémentaires par rapport aux années quatre vingt, ce même rapport aurait pu conclure à un constat totalement inverse, si l'on veut bien se rappeller que la part actuelle des salaires ancrée aux alentours des 2/3, représentait dans les années cinquante près des 3/4 du partage!

Alors oui, " la part de la masse salariale perçue par le1% les plus riches...s'est accrue d'un point en dix ans de 5,5% en 1996 à 6,5% en 2006" . Encore aurait il été interessant de pouvoir comparer sur une période plus longue, ce qui aurait permis d'illustrer mieux encore cette tendance de fond d'un écart croissant entre salaires du dessus du panier et ceux du bas de l'échelle.
Présentement, entre le salaire d'un PDG du CAC40 et celui du smicard nous ne sommes plus dans des écarts de 1 à 30 ou 40 comme dans les années cinquante mais sur des rapports astronomiques où les rémunérations des hautes sphères de la gestion et de la finance ont depuis longtemps crevé l'écran de la décence.

Incidemment, ce rapport met à mal la politique d'intéressement des salariés aux bénéfices de l'entreprise, quand il évoque les énormes disparités entre grandes et petites entreprises dont 16% seulement de ces dernières versent des dividentes.
Soyons cependant sans crainte, le jour n'est pas très loin,où manquant d'inspiration, notre président cathodique se sentira soudainement obligé d'en réfèrer aux mânes gauliennes de l'intéressement et de la participation des salariés, pour se fendre d'une énième promesse sans lendemain...
Encore faudrait il que l'UMP, lorsqu'elle se mèle de préconiser une meilleure répartition entre les salariés de la part variable des résultats de l'entreprise, puisse également faire en sorte que cesse la montée inexorable de la part des dividendes versés aux actionnaires, "celle-ci étant passé de 3,2% en 1982 à 8,5% en 2007" !
Des commentateurs avertis, au vu de l'une ou l'autre conclusion de ce rapport, se sont démandés quel intérêt pouvait avoir l'Elysée à faire paraître une expertise, qui d'une certaine façon mord la main de son commanditaire !!
C'est oublier qu'un train peut en cacher un autre, celui en l'espèce, d'un véritable débat sur les inégalités ainsi que le faisait remarquer le professeur Pierre-Yves GEOFFARD dans les colonnes du journal Libération du 13 mai (1).

Ainsi ,si le rapport fait état de l'effet d'entrainement des hausses successives du SMIG sur les rémunérations du bas de l'échelle (en rappelant au passage les hausses vertigineuses des hauts salaires), encore aurait il pu insister sur la manière dont ces mêmes tranches de salaire se sont constituées sur le dos du salaire médian, constitutif des classes moyennes.

En rappelant " qu'à l'inégalité des salaires doit se conjuguer celle toute aussi importante de l'inégalité des patimoines rendue encore plus flagrante avec la loi TEPA sur l'allègement des droits de succession et l'aménagement de l'impôt sur la fortune" le rapport COTIS fait entrer le renard dans le poulallier de la politique de la rente qui est au coeur des politiques conservatrices.
A quoi servirait-il en effet, de focaliser l'action aux seuls salaires, si par ailleurs les inégalités de patrimoines explosent dans le temps où les successions échappant à l'impôt ne font que perpétuer celles ci ?

En énonçant la règle des trois tiers dans la répartition des profits, le président SARKOZY tente de faire de cette politique l'apha et l'oméga des politiques salariales à venir, celle qui consisterait à découpler salaires et revenus par la remise en selle d'une politique d'intéressement salariale dont on sait pertinemment qu'elle fragilise les salaires plus qu'elle ne les conforte.

Aujourd'hui, ce n'est pas tant le débat d'une meilleure répartition des profits qu'il s'agit d'initier que de faire avancer la politique de progression des salaires, celle que soutient et qu'a toujours soutenu le Parti socialiste dans un juste partage des plus values de la production.

Tel est le débat qui s'impose aujourd'hui et qu'il ne faudrait pas confondre avec les gesticulations médiatiques d'une posture présidentielle, oscillant entre des propositions purement électoralistes et une vision de fond ancrée aux principes d'un libéralisme rampant.

(1) Pierre-Yves GEOFFARD est directeur au C.N.R.S et professeur à Paris School of Economics

Francis Alexis HAMMER
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